C'est la mauvaise surprise de l'été. Au 1er août, les tarifs réglementés de l'électricité (TRV), encore majoritaires en France - la part de marché des fournisseurs alternatifs est de 28.8% -, ont augmenté de 10%. Au total, 21.43 millions de foyers sont concernés, avec un impact variable selon le type de logement. Cette hausse a pris de court tout le monde. D’abord, parce que sur les marchés de gros, la tendance est à la baisse. Le prix Spot du MWh s’échangeait mi-août à 95,68 euros, contre 500,82 euros un an plus tôt. Ensuite, parce que le gouvernement avait laissé entendre en février dernier, lors du renchérissement de 15 % des TRV, qu’il n’y aurait plus d’autre évolution pour 2023, à l’instar de ce qui c’était passé en 2022.
Les TRV n’avaient alors progressé qu’une fois dans l’année, avec + 4 %. Cette augmentation limitée (au lieu de 35 %) avait été possible grâce au bouclier tarifaire, mécanisme de protection permettant de bloquer les TRV sous les prix de marché grâce à la compensation de l’Etat. Or, ce dispositif coûte cher (24 milliards en 2022 et probablement 17 milliards en 2023), et Bercy a donc pris la décision d’en limiter les effets plus rapidement que prévu. Concrètement, la prise en charge de l’Etat est passée de 43 % à 37 % actuellement et devrait aller en diminuant jusqu’à la fin 2024, date d’arrêt prévue du bouclier tarifaire.
Que va-t-il se passer dans les prochains mois ?
Personne n’est aujourd’hui capable de dire comment les prix de gros vont évoluer. Mais même s’ils baissaient fortement, on voit qu’il n’y a pas de répercussion directe, du moins dans un premier temps, sur les factures. En fait, la vraie question à se poser est : la CRE (Commission de régulation de l’énergie) va-t-elle réussir à faire passer les rattrapages tarifaires liés au bouclier ? Autrement dit, le manque à gagner pour EDF va-t-il s’estomper ? Si oui, cela risque de faire très mal. Début août, la commission avait ainsi proposé une augmentation de… 74 %. Et en février dernier de 99 %. Que va-t-elle suggérer pour février 2024 ? Et Bercy validera-t-il tel quel le pourcentage de hausse préconisé ? Difficile en tout cas de penser qu’il ne va pas falloir mettre la main à la poche de manière significative.
Tenter la concurrence ?
Dans ce contexte, il peut être tentant de faire jouer la concurrence. Mais mieux vaut être vigilant sur le détail des offres, comme en témoignent les déboires de nombre de clients du fournisseur alternatif Eni. Certains ont ainsi reçu cet été des factures de régularisation de près de… 10 000 euros ! Actuellement, Eni commercialise des offres à prix fixe pendant un an. Or, l’abonnement est plus cher que celui d’EDF : il est, pour une puissance souscrite de 6 kVA par exemple, de 163,29 euros par an, contre 149,28 euros chez l’opérateur historique. Surtout, le prix du kWh est susceptible de varier durant le contrat (en fonction des TRV), alors que théoriquement il ne devrait pas bouger.